jeudi 4 février 2021

Les Grands-Parents pour le Climat – Fribourg sont déçus de la première mouture du Plan Climat cantonal (PCC)

Le Plan Climat cantonal a été mis en consultation à la fin de l’année passée .

Les organismes consultés avaient jusqu’à la mi-janvier pour se prononcer.
Après avoir salué cette large consultation, notre association a malheureusement dû constater que le projet manque singulièrement d’ambition et qu’il présente de nombreuses lacunes l’empêchant de remplir ses propres objectifs. Voici le résumé de cette prise de position.


« Les GPClim-FR approuvent la volonté de s’appuyer sur les Accords de Paris pour définir les objectifs du PCC (réduction de moitié des émissions de GES jusqu’en 2030 et passage pour la même date à une société à 4000 W). Ils saluent également l’établissement d’un bilan carbone valable pour le territoire du canton de Fribourg.

Toutefois, il apparaît de plus en plus clairement que ces objectifs ne seront pas suffisants pour atteindre la neutralité carbone à temps et ne pas dépasser la hausse de 1,5° par rapport à l’époque préindustrielle.

De plus, le budget présenté dans le PCC (22,8 millions pour la période 2021-2026) est notoirement insuffisant pour atteindre les objectifs du PCC en 2030. On devine bien que d’autres plans / projets / services et directions de l’Etat participeront à l’effort, mais on reste dans le flou concernant l’effort total. Pour garantir une véritable transparence des coûts et informer correctement le public, le montant total doit être indiqué dans le PCC. 

La motion populaire (« 500 millions pour des mesures favorables au climat et à l’environnement dans le canton de Fribourg ») que notre association a fait aboutir avec la Grève du Climat doit être acceptée par le Grand Conseil et mise en œuvre par le Canton, de manière à assurer au PCC révisé qui devra sortir de la consultation les moyens de ses ambitions.

Dans le même sens, le plan d’action climatique publié par la Grève du Climat en date du 8 janvier 2021 devrait être considéré comme une boussole par tous les cantons, y compris bien sûr le nôtre. (https://mailchi.mp/climatestrike/newsletter_fr016)


Nous relevons d’autre part une contradiction inacceptable entre les objectifs du PCC et certaines politiques poursuivies par le Canton, comme par exemple l’extensions des infrastructures routières qui conduiront immanquableament à une croissance de la mobilité individuelle motorisée (Route Marly-Matran par exemple). Il est complètement illlogique de procéder à des investissements qui appartiennent aux conceptions du passé et qui contredisent les plans censés bâtir un futur neutre en carbone.

En cette période de pandémie où l’Etat soutient l’économie à coup de dizaines de millions, il est absolument nécessaire d’orienter au maximum les investissements dans des projets compatibles avec les objectifs du PCC. Les secteurs qui seraient ainsi soutenus sont pourvoyeurs d’une multitude d’emplois locaux non délocalisables (transports publics, assainissement des bâtiments, agriculture durable, etc.), donc à même de lutter contre la menace de chômage engendrée par la crise économique et sociale consécutive à la pandémie.

Le lien entre le plan climat, les stratégies sectorielles et le programme Bâtiment ainsi que le Fonds de l’énergie mériterait d’être développé en une présentation plus détaillée. Il manque une gouvernance de l’ensemble des initiatives cantonales de transition vers une société neutre en carbone. C’est une grave lacune qui devrait être comblée pour donner cohérence, complémentarité et effectivité aux actions du canton. Les nombreux « doublons » entre le programme Bâtiment, le Fonds de l’énergie, la Stratégie du développement durable et le Plan climat, en attendant la future Stratégie de la biodiversité, en sont l’illustration. Il en résulte une « jungle » de renvois et de références qui empêche d’avoir une vision d’ensemble des efforts et encore moins des effets des initiatives cantonales.

La partie « Monitoring du plan de mesure » est très faible et essentiellement bureaucratique. La mise en œuvre, les effets attendus ainsi que les impacts devraient être évalués à intervalles rapprochés et réguliers. La nécessité d’ajustements de la mise en œuvre de certaines mesures devrait être régulièrement évaluée (et pas seulement tous les 5 ans). Les partenaires impliqués dans l’élaboration du PCC devraient être intégrés à l’évaluation du suivi des objectifs définis. Le temps nous semble venu d’organiser des « États généraux du climat dans et pour le canton de Fribourg ».

En ce qui concerne les mesures proposées par le PCC, nous avons produit une annexe qui présente celles que nous proposons d’ajouter ou de compléter pour chacun des axes du volet « Atténuation ».

Dans cette optique, nous ne saurions trop insister sur l’importance d’une mesure capitale, celle qui concerne le désinvestissement des énergies fossiles. Il revient au Conseil d’État d’user de son influence pour pousser à ce désinvestissement dans toutes les entreprises ou institutions où le Canton est actionnaire, client ou partenaire, et qui participent, d’une manière ou d’une autre, à la production ou à la distribution d’énergies fossiles. »

Fribourg, le 26 janvier 2021